Zoom économique Marchandisage
Les bons prix avant les beaux produits
La Presse
L’emballage n’est pas roi dans les magasins. Une apparence qui se démarque des autres produits est certes utile pour tenter un client pressé, mais le regard de ce dernier s’attarde aussi longuement sur les indications de prix des étals.
C’est du moins la conclusion d’une équipe d’ingénieurs de l’Institut de technologie de la Californie (Caltech), qui a analysé le regard et le cerveau d’étudiants pendant qu’ils choisissaient parmi divers groupes de quatre aliments comparables.
Les chercheurs de Caltech concluent que les produits qui se distinguent des autres par leur apparence et leur présentation sont favorisés, mais pas autant que les produits qui offrent plus de valeur par rapport à leur prix ( $/kg, par exemple).
« Choisit-on d’acheter un objet en fonction de son prix ou de son apparence attirante ou non ? demande Blythe Towal, auteure principale de l’étude publiée dans la revue
. C’est une question étonnamment difficile à aborder. Les sondages auprès des clients ne sont pas nécessairement fiables parce que ces derniers ne sont pas nécessairement conscients de toutes les étapes du choix d’un produit. Ils vont aussi avoir tendance à se présenter sous un jour plus rationnel ou plus ludique. Souvent, les choix du consommateur forment une composante importante de la personnalité qu’il souhaite avoir ou projeter. »Le marchandisage – la science de la présentation des produits dans un magasin pour encourager la consommation – fait donc fausse route en mettant l’accent sur la présentation des produits et en négligeant les écriteaux annonçant les spéciaux, selon les ingénieurs de Pasadena.
Ceux-ci avancent même que les obligations gouvernementales d’annoncer le prix par kilo ou par 100 grammes peuvent avantager les compagnies alimentaires en habituant le consommateur à considérer cette variable. « Plus le client a d’information, plus il peut faire un choix éclairé, mais plus les vendeurs ont de manières d’influer sur ce choix », dit M
Towal.En analysant l’activité du cerveau quand les cobayes bougeaient leur regard sur les étals, les ingénieurs ont conclu que le processus de fixation du regard sur un aliment en particulier était dominé par une sous-section du cerveau appelée dorsale, qui dirige le regard vers une recherche de renseignements particuliers, plutôt que la sous-section ventrale, qui domine quand le regard se tourne vers un signal particulièrement fort.
En d’autres mots, quand un client regarde un groupe de produits, il cherche du regard des données précises, généralement le prix, plutôt que d’être l’esclave des stimuli et de regarder en premier le produit le plus flamboyant.
Les chercheurs veulent maintenant moduler cette expérience en fonction de l’importance du prix ou de la valeur ( $/kg) d’un produit dans une décision d’achat.
« Par exemple, un riche aura moins de limites sur le prix à payer sur un produit qu’un pauvre, ou un riche pingre, dit M
Towal. Est-ce que ça mène le regard du riche à ne pas s’attarder au prix ou est-ce que le prix est remplacé par une autre information objective sur le produit, par exemple s’il s’agit d’un aliment bio ou non ? »